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Histoire de Dom B…

J’ajoûterai à cet éloge des vers dictés par le bons ſens & juſtifiés par l’expérience,

Tolle autem lucrum, Superos & ſacra negabunt,
Ergo ſibi non Cœleſtis hæc turba miniſtrat :
Utilitas facit eſſe Deos, quâ nempè remotâ,
Templa ruent, nec erunt aræ, nec Jupiter ullus[ws 1].

Sur tout ce que j’avois vû faire aux Révérends étant chez Ambroiſe, & en dernier lieu, ſur les galanteries du Pere Policarpe & Toinette, j’avois conçû les idées les plus riantes de l’état Monacal : je croyois que le froc étoit l’habit ſous lequel on eût le plus libre accès dans le Temple du plaiſir : mon imagination s’enivroit des chimeres agréables qu’elle ſe forgeoit. Elle ne s’arrêtoit pas dans les bras de Toinette : elle me repreſentoit les plus aimables femmes des lieux où mon ſort me conduiroit, ſe diſputant la conquête du Pere Saturnin, prevenans ſes deſirs par les attentions les plus tendres, & payant ſes bontés, par les [tranſports les] plus vifs & les plus dé-

  1. Note de Wikisource : « Mais les prêtres, s’ils n’y voyaient pas de profit, nieraient la religion et les dieux. / C’est à eux-mêmes, non aux êtres supérieurs qu’ils rendent un culte ; / et ils ne prêchent des dieux que parce que ces dieux leur sont utiles ; / sans quoi bientôt les temples, les autels tomberaient en ruines, et il n’y aurait plus de Jupiter. » (Palingène, Zodiaque de la vie, traduit par Louis de Potter, disponible sur Gallica)