Page:Gervaise de Latouche - Histoire de dom B… portier des chartreux, 1741.djvu/165

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
138
Histoire de Dom B…


bouche ſur la ſienne, la précaution que j’avois priſe de m’apuyer ſur mes mains ne tint pas contre le raviſſement où je me trouvai bien-tôt ; plus d’attentions, je me laiſſai tomber ſur la Dame, il ne fut plus en mon pouvoir de faire autre choſe que la ſerrer & la baiſer avec fureur. La fin du plaiſir me rendit l’uſage de mes yeux, que le commencement m’avoit ôté, elle me rendit le ſentiment que j’avois perdu : je ne le recouvrai que pour voir des tranſports de Madame Dinville que je n’étois plus en état de partager. Ma Dormeuſe venoit de croiſer les mains ſur mes feſſes, & élevant le derriere qu’elle remuoit avec une vivacité prodigieuſe, elle m’attiroit ſur elle de toute ſa force ; j’étois immobile, & je lui baiſois encore la bouche avec un reſte de feu, que le ſien commençoit à rallumer. Cher ami, me dit-elle à demi voix, pouſſe encore un peu, ah, ne me laiſſe pas en chemin ! Je me remis à travailler ſur de nouveaux frais, plein d’une ardeur qui ne s’éteignit pas ſi-tôt que la ſienne ; car à peine eus-je donné cinq ou ſix coups, qu’elle perdit connoiſſance. Cette vûë ne fit que m’animer davantage, je doublai le pas, je l’atteignis, je tombai ſans mou-