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Histoire de Dom B…


voyant que je prenois le chemin de la maiſon : la petite friponne croyoit que j’allois la mener dans l’allée, elle m’y auroit ſuivie ; que j’aurois bien mieux fait d’y aller, mais je n’étois pas aſſez expérimenté pour voir qu’elle ne demandoit pas mieux, je craignois quelque nouvelle reſiſtance de ſa part, & mon deſtin m’entraînoit. Je lui répondis que j’allois la mener dans un lieu où elle verroit quelque choſe qui lui feroit plaiſir : où donc, me répondit-elle avec impatience, voyant que j’avançois toûjours vers la maiſon ? dans ma chambre, lui repliquai-je : dans ta chambre, me dit-elle, oh, je n’y veux pas aller : tiens, Saturnin, cela eſt inutile, tu me ferois quelque choſe. Je lui jurai que non, & je connus, à l’air dont elle conſentoit à y venir, qu’elle étoit moins fâchée de m’y ſuivre, qu’elle ne l’auroit été, ſi, en lui promettant d’être ſage, je ne lui avois pas donné un prétexte pour s’y laiſſer conduire. Que je me rapelle avec plaiſir ces traits charmans de mon enfance ! L’habitude d’accorder tout à mes paſſions, & l’uſage le plus immodéré des plaiſirs n’ont point émouſſé dans mon cœur ma ſen-