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Son règne et celui de Titus ne paraissent pas avoir constitué pour la ville une époque brillante. Elle devait avoir, du reste, beaucoup à faire pour se relever entièrement de ses ruines, car, passé le premier élan qui suivit l’incendie, les vicissitudes des années subséquentes lui avaient sans doute peu laissé le loisir de s’en occuper. Domitien, une dizaine d’années avant son avènement, en l’an 70, passa quelque temps à Lyon[1]. Devenu empereur, il prit une mesure qui contribua beaucoup à augmenter l’importance du commerce lyonnais, déjà si florissant : ce fut d’ordonner que dans diverses provinces, et notamment dans les Gaules, les vignes fussent arrachées et remplacées par le blé, dont la pénurie était devenue inquiétante. Il en résulta un trafic énorme des vins d’Italie, et Lyon, centre des transits, en bénéficia largement[2]. C’est à cette époque, ou peu après, que furent inaugurées des relations suivies et en quelque sorte officielles entre les négociants de Lyon et ceux d’Italie. Une corporation se forma qui prit le nom de splendidissimum corpus negotialorum Cisalpinorum et Transalpinorum et qui eut son siège social en partie à Lyon, en partie à Milan. Lyon, sous ce règne, acheva donc de se relever. L’influence de Domitien, grand bâtisseur[3], put y contribuer.


§IV. — Les Antonins. Quatrième aqueduc sous Hadrien. Apogée et déclin de Lyon.

Apogée de Lyon antique. Sa population .— Pendant un siècle entier, cet essor ne devait plus fléchir, et nous voici, dès le règne de Trajan, à l’apogée de la prospérité lyonnaise. La cité est désormais, par son commerce, en relation avec tous les peuples de l’empire. Nous avons une preuve de l’étendue de ce trafic par la quantité et la diversité des sceaux de plomb, apposés aux marchandises pour le contrôle de la douane, qui ont été découverts dans le lit de la Saône. C’était, en effet, près du

  1. Tac, Hist., vi, 85-86.
  2. V. Allmer et Dissard, ouv. cité, t. II, p. 450. — Gsell, Essai sur le règne de l’empereur Domitien.
  3. Gsell, Domitien, p. 90, ssq.