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que le pont, en pierres plates semblables à celles du pont sur le Langonan. Si elles avaient joint les deux piles, dit-il, ce seraient de vrais piliers butants ; mais leur distance de plus d’un pied nous laisse dans l’incertitude sur leur utilité, à moins qu’elles ne se soient éloignées des piles par l’affaissement de leurs fondations. Il ne reste qu’une de ces piles, l’autre a été démolie cette année (1759) ». Il ne reste rien non plus de la seconde aujourd’hui. Flacheron dit[1] en avoir vu les fondations ; il a vu aussi d’autres fondations semblables au nombre de quatre au pont de Beaunant. C’étaient là des contreforts élevés après coup et sans liaison, donc assez maladroitement, et probablement à une basse époque. L’absence de grands entassements de matériaux de soutien ne prouve rien d’ailleurs sur le plus ou moins de durée de nos aqueducs, qui, étant moins élevés et moins massifs que l’aqueduc Claudia, n’en avaient pas besoin ; de plus, ils étaient construits sur un terrain exceptionnellement ferme, raison suffisante à elle seule pour justifier d’un nombre relativement faible de restaurations.

II. — FRAIS DE CONSTRUCTION.

Ces ouvrages immenses, comparables, nous l’avons assez constaté, aux plus parfaits des aqueducs modernes, exigeaient naturellement des frais considérables auxquels, à tout prendre, le coût des nôtres ne serait pas de beaucoup supérieur. En effet, quoique le prix de la main-d’œuvre et celui des matériaux fussent bien moins élevés à l’époque romaine qu’à présent, les Romains employaient pour leurs constructions une masse plus forte de matière ; et surtout en raison de la moins grande puissance, de la moins grande souplesse des machines, et de la moindre facilité de transports, il fallait une durée de construction plus longue, ou un nombre d’ouvriers plus grand, ce qui contrebalançait l’avantage du faible salaire individuel. De plus, et tout spécialement pour les aqueducs de Lyon, si l’on compare ce que représente en fait de prix l’emploi moderne de la fonte pour les grosses conduites et

  1. Ouvr. cité, p. 53.