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par des calices de modules définis, exactement comme aux châteaux d’eau[1].

Nous pouvons croire à l’emploi de tous ces systèmes de dérivation pour la population suburbaine de Lyon, ou pour des domaines plus reculés. Mais, somme toute, il ne devait pas y avoir beaucoup d’eau détournée ainsi au détriment des citadins.

§ IV. — Tuyaux de distribution.

Tuyaux de terre cuite. — Quoique les distributions romaines fussent partout constituées par un réseau de tuyaux de plomb, il est bon de dire quelques mots des conduites en poterie. À lire Pline et Vitruve, on en croirait l’emploi beaucoup plus répandu qu’il ne le fut en réalité. Vitruve les recommande comme moins chères[2] que les tubes de plomb, comme plus commodes pour les réparations, que tout le monde peut exécuter[3], et enfin comme plus sûres, le plomb étant dangereux parce qu’il peut donner naissance à la céruse. Les deux premières raisons sont bonnes ; la troisième témoigne d’un excès de prudence : en tous cas il ne paraît pas que ce danger ait été bien redouté. On a retrouvé à Rome un assez grand nombre de tuyaux de terre cuite : mais ils ne figuraient pas dans la distribution urbaine sous pression. Ils ont été remarqués surtout dans des parois de citernes recueillant les eaux pluviales, à quelques fontaines de jardins, dans le sol, où ils avaient servi aux irrigations et à l’abduction des eaux ménagères. Ce sont là, en somme, leurs emplois modernes. On a aussi parlé d’un usage devenu à présent très fréquent : certains tuyaux de poterie antiques auraient été de véritables drains[4] ; mais la chose n’est pas absolument certaine.

  1. Frontin, De Aquis, 36 : « Est autem calix modulus aeneus qui rivo vel castello induitur. » Il est vrai que le sénatus-consulte rendu sur la motion des consuls Tubéron et Fabius Maximus (De Aquis, 106), interdisait de prendre l’eau ailleurs qu’aux châteaux d’eau. Mais il ne s’agit là sans doute que des particuliers qui avaient à s’unir pour créer un château privé subordonné au château public, non des grands propriétaires dont les domaines, hors de Home, se trouvaient éloignés de tout château d’eau.
  2. viii, 6, 209. « Sin autem minore sumptu voluerimus .. »
  3. Ibid. « Si quod vilium factum fuerit, quilibet id potest reficere. »
  4. P. Secchi : Atti Accad. pont. Lincei. 23 avril 1876.