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L’ensemble fait une somme de 72 à 82.000 mètres cubes. En fixant la moyenne à 75.000, nous avons de grandes chances d’être dans le vrai. C’est d’ailleurs à cette conclusion que nous étions parvenu déjà par l’étude des conditions hydrologiques de la région lyonnaise[1].

§III. — Dérivations avant la ville.

Le volume d’eau recueilli dans les aqueducs arrivait-il en totalité jusqu’à Lyon, ou une part en était-elle distribuée en route ? Si l’on voulait se guider toujours sur ce qui se pratiquait aux aqueducs de Rome, il faudrait admettre que près du tiers[2] se répandait dans les bourgs et villas situés sur le parcours. Pour les environs de Rome, où les grands et riches domaines, les villas somptueuses, prolongeaient la capitale jusqu’à Tusculum, Tibur; et au delà, cette proportion est toute naturelle : elle ne saurait être admise pour les alentours de Lyon. Sans doute, il y devait y avoir aux portes de la ville et plus loin dans la campagne des demeures princières, aussi luxueuses que la plupart de celles qu’on admirait sous les murs de Rome ; mais ce n’était évidemment pas la même continuité. Non seulement les aqueducs ne traversaient, ni un Tibur ni un Tusculum, mais il n’y a pas trace dans l’histoire d’une bourgade quelque peu importante où ils aient passé. Nul texte, nulle inscription, nulle tradition qui signale quoi que ce soit. Je ne voudrais pas revenir sur une opinion déjà suffisamment réfutée[3], au sujet de ce prétendu grand faubourg entre Ecully et Lyon, qui aurait retenu pour lui toute l’eau du Mont-d’Or. Mais je ne puis moins faire que de rappeler, à l’occasion des distributions suburbaines, les deux seuls exemples d’aqueducs de la région romaine ne conduisant pas à la métropole. C’étaient : 1o l’eau Crabra, qui alimentait Tusculum.

  1. V . ci-dessus, p. 39.— La quantité d’eau disponible était ainsi dix fois moindre qu’à Rome, pour une population qui n’était sans doute pas dix fois plus petite. (V. ci-dessus, p. 32-33.) Rome était donc encore mieux approvisionnée.
  2. Frontin dit que 14.018 quinaires seulement étaient distribués sur les 24.022 qu’il savait être fournis par l’ensemble des sources. Sur ces 14 018, 4.063 étaient distribues hors de la ville, ce qui fait effectivement près du tiers. (De Aquis, 78.)
  3. V . ci-dessus, p. 58.