Scène III
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POLIXENE
Seigneur, c'est en ce jour que la fureur céleste
Détruit avec l'état tout l'espoir qui nous reste,
Et que Tigrane pris qui m'oblige à pleurer,
Défend à ma raison de plus rien espérer. [1455]
Le ciel veut notre perte, il nous y faut résoudre :
Sa dernière colère, ou sa dernière foudre,
Éclate horriblement, enfin tombe sur nous,
Et perd la Capadoce en perdant mon époux.
Tant que Tigrane libre, eût vécu sans contrainte, [1460]
Un espoir raisonnable eût balancé ma crainte ;
J'attendais tout de lui, mais hélas ! Désormais
Votre trône en sa chute est tombé pour jamais.
Celui dont la valeur était incomparable ;
Celui qui soutenait notre sort déplorable, [1465]
Celui que vous aimiez, celui qui vous aimait ;
Celui que je charmais, celui qui me charmait ;
Celui dont la vertu s'égalait au courage ;