Aussi quand tu fus obligeante, [1410]
Ou quand j'ai souffert tes mépris,
Ta main ne m'a jamais surpris ;
Qui dit fortune, dit changeante ;
Et j'étais toujours préparé
À perdre un bien mal assuré. [1415]
Venge tes faveurs méprisées,
Que j'avais, et que je n'ai plus ;
Marche sur des sceptres rompus ;
Foule des couronnes brisées ;
Je les attendais sans désir, [1420]
Et je les perds sans déplaisir.
Mais après que ta violence,
A repris ce qui vient de toi,
Laisse mourir Tigrane en roi ;
Ta fureur a trop d'insolence : [1425]
Le trône est un objet plus beau,
Ne règne point sur mon tombeau.
C'est toute la faveur que mon coeur te demande ;
Un indigne trépas est ce que j'appréhende :
Et pourvu que mon bras soit maître de mon sort, [1430]
D'un visage assuré, je recevrai la mort.
Pourvu que ce tyran, ce monstre plein de vice,