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Pour les princes qui peuvent tout,

Et quelque aversion qu'ait la personne aimée,

Il y va de leur gloire et de leur renommée, [1090]

Si leur pouvoir n'en vient à bout.

Ainsi conseiller indiscrète,

Mauvaise et fâcheuse interprète,

Ne me viens plus tant discourir :

Mon coeur ne dépend plus de ton humeur sauvage ; [1095]

Et déjà mon navire est si loin du rivage,

Qu'il faut achever, ou mourir.

Cette illustre et belle conquête,

Promet un laurier à ma tête,

Qui sera sans comparaison : [1100]

Et si je puis gagner le coeur de Polixène,

La fortune autrefois avec bien plus de peine,

Ne donna pas tant à Jason.

Mais soit que le destin propice,

Lui fasse accepter mon service, [1105]

Ou soit qu'elle ait trop de rigueur :

Possédons seulement cet objet plein de gloire,

Et pour accompagner la première victoire,

Nous gagnerons après son coeur.

C'est en vain que je prie, en vain que je soupire ; [1110]

Tout ainsi qu'en la guerre en l'amoureux empire,