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Souffrez que je m'oppose à sa brutale envie ;

Éteignez ses désirs, en éteignant ma vie : [705]

Et puisqu'il ne sait pas que je sois en vos mains,

Empêchez par ma mort ses injustes desseins :

Ainsi sans nul danger, votre bras secourable,

Sauvera votre gloire, et cette misérable ;

Ainsi vous me prouvez bien mieux votre amitié, [710]

Que par le triste effet d'une lâche pitié.

Sus donc, haussez la main, que rien ne la retienne ;

Ou pour le moins cruels, laissez agir la mienne,

Puisqu'on voit qui lui reste encore quelque vigueur ;

Blessez, ou trouvez bon que j'arrache ce coeur. [715]

PHRAARTE

Madame, plût aux dieux qu'il fût en ma puissance,

En ce malheureux jour, d'aider à l'innocence :

Je me perdrais madame, afin de vous sauver :

Mais si je l'entreprends, qu'en peut-il arriver ?

Nous sommes dans le camp, où chacun nous regarde ; [720]

Espérez donc au ciel, c'est lui seul qui vous garde ;

Et venez dans ma tente où ce sang que je vois