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Assez et trop longtemps, ma pauvre âme abattue, [5]

A souffert les rigueurs de l'ennui qui la tue :

Assez, et trop longtemps, un infidèle époux

A méprisé ces pleurs qui s'adressent à vous.

Il est temps, ô grands dieux, de finir mon martyre ;

Accordez-moi la mort, puisque je la désire : [10]

Et ne refusez pas à ce coeur langoureux,

Le remède assuré qui reste aux malheureux.

Je ne demande pas que ma fin soit vengée,

Car je ne change point, quoique l'on m'ait changée :

J'aime encore Tiridate inconstant comme il est ; [15]

Je crois devoir haïr tout ce qui lui déplaît ;

Puisqu'il veut mon trépas, je le tiens légitime,

Et je veux que ma mort amoindrisse son crime :

Fasse le juste ciel en m'ôtant la clarté,

Qu'il puisse aimer ailleurs sans infidélité. [20]

CASSANDRE

Exemple merveilleux de l'amour conjugale,

Que vous faites bien voir que rien ne vous égale,

Puisque dans les rigueurs, et dans le changement,

Ce coeur toujours constant aime si chèrement.

Que votre majesté s'il lui plaît se console, [25]

Et pour se consoler, s'assure en ma parole,