Page:Georges de Scudéry - L'amour tyrannique.pdf/120

Cette page n’a pas encore été corrigée

Je ne vous suivrai plus, allez, retirez-vous. [1835]

              Il parle à sa femme.

Confus, et repentant de ma faute passée,

Un rayon de clarté s'élève en ma pensée ;

Le bandeau m'est tombé, j'aperçois mon erreur ;

Mon crime s'offre à moi, j'en frissonne d'horreur ;

Ta vertu vainc mon vice, et pour sa tyrannie, [1840]

Mon âme a commencé d'être déjà punie.

Plus ton affection signale son pouvoir,

Plus tu parais fidèle, et plus tu me fais voir,

Par une preuve claire autant qu'elle est insigne,

Qu'un barbare tyran, n'en fut jamais qu'indigne. [1845]

Non, non, ne m'aimes plus, l'honneur te le défend,

Fais donner à ce coeur le trépas qu'il attend ;

Venge-toi, punis-moi de mon ingratitude ;

Trouve (si tu le peux) un supplice assez rude ;

Irrite ta colère, afin de me punir ; [1850]

Vois ce que la raison offre à ton souvenir,

Mon crime, ton amour, ma fureur, ta souffrance :

Vous princes outragés avec tant d'insolence,

Prêtez, prêtez la main à son juste courroux :

N'épargnez point mon sang, vengez-la, vengez-vous : [1855]