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Pour vous qui chérissez celui qui vous offense,

Ma bouche entreprendrait ici votre défense,

N'était que la vertu ne me le permet pas ;

L'état où vous vivez, vaut moins que le trépas ;

Et la raison enfin, m'aurait été ravie, [1700]

Si je vous conservais une si lâche vie.

               Il parle à Ormène.

Pour vous, ma Polixène, objet de mon amour,

Je sais bien que sans moi, vous haïriez le jour,

De sorte, fier tyran, qu'en l'état où nous sommes,

Tristes, abandonnés, et des dieux, et des hommes [1705]

Tout ce que ma douleur, veut obtenir de toi,

Consiste en ce point seul, laisse vivre le roi.

OROSMANE

Songe, aimant la vertu, de qui tu l'as reçue ;

Car si je ne l'avais, tu ne l'aurais pas eue :

N'offense point toi-même, et ton père et ton roi, [1710]

En le croyant plus faible, et moins ferme que toi.

Non, non, que ce barbare, achève son ouvrage,

Sa clémence me nuit, et sa pitié m'outrage :