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Et je laissais aux dieux à punir ta malice.

Puisque tu sais, cruel, que j'avais le dessein

De te venir plonger un poignard dans le sein,

Ne crois pas que je mente, en offensant ma gloire : [1680]

Non, non, je ne tiens pas cette action si noire,

Qu'on la doive nier ; au contraire, aujourd'hui,

Je te dis à toi-même, auteur de mon ennui,

Qu'après avoir rompu notre sainte alliance,

Et maltraité ma soeur avec tant d'insolence ; [1685]

Ôté le sceptre au roi ; l'avoir chargé de fers ;

Causé dans cet état les maux qu'il a soufferts ;

Attenté lâchement sur l'honneur de ma couche ;

Mon courage offensé, démentirait ma bouche,

Si je ne publiais, que je venais ici, [1690]

Pour te priver de vie, en m'ôtant de souci.

Je te le dis encore, je venais te poursuivre ;

Je venais t'empêcher de régner, et de vivre ;

Irrite ta fureur, fais tes derniers efforts ;

Frappe enfin, mon esprit t'abandonne mon corps. [1695]