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pouvaient les rejoindre, et ceux-ci dénoncent fatalement leur présence par les explosions de leurs moteurs. Il est vrai, en revanche, que, pour la même cause, la proximité du but serait indiquée par les sampans à ceux lancés à leur chasse.

Une heure se passa. La nuit était obscure, vaguement éclairée sur les eaux par le reflet des étoiles que tamisait une brume légère, annonciatrice de l’aube. Soudain Hervé crut percevoir, très lointain, le battement égal et rapide d’un moteur. Immédiatement, il donna l’ordre aux mécaniciens de stopper ; alors, dans le silence, le bruit lui parvint plus net. Ils avaient l’Allemand à leurs trousses.

De grands arbres, manguiers et palétuviers, projetaient sur les eaux une masse d’ombre vers un coude voisin du fleuve. Sans bruit, à l’aviron, il fit ranger les sampans dans cette obscurité, où il était malaisé de les découvrir. Toutefois, ce serait vers ce promontoire que passerait évidemment Hofer, afin de couper au court en prenant la corde de la courbe décrite par la rivière. Mais ce fait même servait le projet qu’il avait conçu.

Il s’approcha de Pi-Tou-Laï qui était le mécanicien de son embarcation, et lui donna ses ordres. Le jeune Chinois, élève de nos missions, parlait le français. Il sourit et se tint prêt.

Dans le silence universel de la campagne endormie, seules bruissaient doucement les eaux et la trépidation de plus en plus distincte du canot ennemi. Déjà, sur le