Canton. Il est indispensable de nous tenir constamment sur nos gardes. Comme sur nn navire nous allons nous répartir les quarts de surveillance entre toi, Troussequin et moi. Je vais commencer le service. Tu me remplaceras, Hervé, après l’embarquement de nos auxiliaires et remettras ensuite le quart à ton ordonnance. Reposez-vous donc maintenant, pour être dispos votre tour venu. »
Et Roland monta sur le pont.
Rien de suspect ne lui apparut jusqu’à Sam-Chouï. La ville dépassée, il fit allumer les fanaux convenus. Un quart d’heure plus tard, une jonque se détachait du bord et déposait un contingent de cinq Chinois dans chaque sampan. Puis Pi-Tou-Laï, prenant un canot à la remorque, reconduisait la jonque sur la rive et regagnait le bord. Les signaux éteints, les hélices furent remises en mouvement, et Le Penven vint remplacer Salbris, qui, à son tour, avait à prendre un repos nécessaire à ses nerfs surexcités.
Enroulé dans une couverture, il s’était étendu à plat ventre sur le pont, le buste un peu surélevé sur les coudes, face à l’arrière, épiant la rive droite, que longeait la route entre Sam-Chouï et Chao-King-Fou, où elle passait sur l’autre berge ; et en même temps ses regards sondaient la nappe des eaux parcourues pour défier toute surprise d’une poursuite, aussi bien par terre que par le fleuve. Un point le rassurait : il était sûr d’être prévenu de toute approche menaçante. Vu la vitesse de leur propre course, seuls des véhicules mus par moyens mécaniques