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Sur l’autre, gouverné par O-Taï-Binh, les trois Français s’enfermèrent pour tenir conseil. Troussequin était de trop précieuse ressource pour n’y être pas admis.

« Mes amis, posa Salbris, il serait puéril de nous leurrer. À moins d’être aveugle, il est évident que nous sommes épiés par l’Allemand Hofer. Dans quel but ? Voici le problème. Se doute-t-il que nous allons au secours de nos compatriotes, et juge-t-il notre intervention assez importante pour tenter de l’entraver ? Agit-il comme allié de nos ennemis, comme espion militaire, en un mot ?… Peut-être encore n’est-il qu’un courtier d’affaires, jaloux de posséder les secrets de mon aéroplane, et ne songe-t-il qu’à s’emparer de mon appareil ?… Dans tous les cas, c’est un adversaire dangereux. Je n’ose espérer que nous ayons réussi à lui faire perdre notre piste. Il a des moyens d’action que nous ignorons, mais assez puissants, puisqu’il a passé à travers les mailles de la police chinoise et s’est retrouvé, ce soir, assez instruit de nos faits et gestes afin d’être, à l’heure voulue, au point secret fixé pour notre embarquement.

— Voici nos moteurs qu’on embraye, dit Le Penven ; il aura de la peine à nous rejoindre désormais.

— Peut-être, répliqua Salbris ; il peut aussi employer à nous poursuivre des moyens de locomotion rapide. La route qui suit le cours du fleuve est praticable aux automobiles ; d’autre part, s’il emprunte la même voie que nous, les canots à pétrole ne sont pas introuvables à