3 heures du matin. Deux feux, l’un rouge sur le sampan de tête, bleu sur celui de queue, leur désigneraient nettement leurs embarcations, entre lesquelles il les partagea. Il resterait d’ailleurs avec eux pour éviter toute erreur ; son frère et son père suffiraient chacun à la conduite d’un sampan.
Douze jours s’étaient alors écoulés depuis la perfide agression des Japonais. Les dernières dépêches annon çaient que la flotte française, accompagnée d’une puis sante escadre britannique, allait franchir le canal de Suez.
D’autre part, sur le territoire envahi, l’armée nipponne opérait son invasion avec, pour base d’opérations, la voie ferrée d’Hanoï à Lang-Son. Partout, les troupes françaises s’étaient retirées dans les régions montagneuses, où déjà les talonnaient les avant-gardes des audacieuses colonnes ennemies. Taï-Nguyen, Tuyen-Quang étaient investies ; le colonel Sauzède, fortifié dans Cao-Bang, en outre du corps japonais qui s’avançait pour l’assiéger, avait vu se lever tout autour de la ville des bandes de pirates appâtées par l’imminente curée. Et la pensée de savoir sa fiancée exposée aux férocités de ces hideux bandits torturait Roland d’une indicible angoisse.
Et près de deux cents lieues le séparaient encore du point où il pourrait utilement prendre son vol, afin d’apporter le réconfort de sa présence à la pauvre assiégée !
D’ici là, quelles difficultés l’attendaient ?… Certes, les premiers jours de navigation devaient se passer sans