Salbris s’énervait du retard d’abord, d’inquiétudes nouvelles ensuite. La présence d’Hermann Hofer à bord du caboteur lui faisait obscurément pressentir un danger. Que cet Allemand fût tiré du guet-apens tendu par le déluré Parisien, sur l’intervention de son consul, avant que l’expédition eût quitté Canton, n’aurait-il pas en cet homme un ennemi plus acharné ? car l’individu était trop intelligent pour ne pas soupçonner tout au moins qu’un piège lui avait été tendu, et que l’opium s’était trouvé glissé dans sa poche dans une intention intéressée. Ainsi l’habile stratagème de Troussequin aurait un résultat contraire à son but, et l’espion, que Salbris redoutait dans Hofer, ne serait que plus incité à dépister ceux qui avaient tenté de se débarrasser de lui.
Enfin le séjour à Canton prolongeait, d’une façon insolite, l’attente de la petite troupe, qui s’était groupée à Sam-Chouï pour y attendre le passage des sampans, et sa présence pouvait susciter des curiosités gênantes.
Enfin les embarcations furent parées, et le matériel, tant de guerre que d’aviation, habilement dissimulé dans les cales. Le départ fut décidé pour le milieu de la nuit. On se mettrait en route à l’aviron, et les moteurs ne feraient leur office qu’une fois en dehors de la ville. En moins de trois heures pouvaient être franchis les cinquante kilomètres qui séparent Canton de Sam-Chouï. Pi-Tou-Laï partit à cheval pour prévenir ses recrues d’être prêtes à embarquer à un mille en amont de Sam-Chouï, vers