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« L’Allemand vous gêne ? »

Un clignement d’yeux lui apporta une discrète mais affirmative réponse. Troussequin salua poliment, comme un inconnu complaisant, le passager qui lui avait rendu un petit service, et s’éloigna en fumant avec béatitude. Laï-Tou voyageait à l’avant, avec les passagers de dernière classe. Le Parigot s’était déjà aperçu que le brave Chinois avait le double vice de ceux de sa race et de sa génération : l’opium et le choum-choum. S’il pouvait encore librement s’offrir des libations de ce dernier, il était obligé de se cacher pour se livrer à l’autre depuis l’édit impérial contre le divin poison. Troussequin ne doutait pas qu’il ne se fût pourvu avant son départ d’une provision de la fameuse drogue dont, à bord des sampans, il pourrait s’enivrer en toute sécurité et à loisir. Quant au choum-choum, les cabarets ne l’en laisseraient pas chômer.

Gilles Troussequin, qui avait son idée, invita le Chinois à goûter au whisky de la cantine du bord. Notre homme accepta joyeusement la politesse de celui qu’il savait associé à la même œuvre que lui au profit de son bienfaiteur. Le Parigot versa de si copieuses rations au pauvre Laï-Tou, que ce dernier sortit du bar le cerveau alourdi. Complaisamment, le Parigot aida son compagnon à s’étendre sur une natte et se coucha près de lui.

Dès qu’un ronflement sonore l’eut convaincu du sommeil du Chinois, Gilles le fouilla dextrement et le sou-