nécessité. Une fois la navigation terminée, l’expédition ne pouvait se mettre en campagne sans assurer le transport des divers fragments de l’aéroplane, de l’essence nécessaire au moteur, des munitions et des vivres. Pendant la remontée du fleuve, tout ce matériel serait dissimulé soigneusement dans la cale des sampans, car Salbris jugeait important de se soustraire aux curiosités des Chinois et plus encore aux enquêtes des espions. Et ceux-ci étaient à redouter même dans la population autochtone, mais plus encore parmi les Allemands, qui commencent à pulluler dans l’empire, et que leur hostilité sourde envers la France faisait les alliés tacites des Japonais.
Les fils de Laï-Tou, O-Taï-Binh et Pi-Tou-Laï, se chargèrent de recruter cette troupe d’élite et garantirent sa fidélité. Ils ne demandèrent qu’une chose, c’est que la solde allouée leur fût régulièrement payée. La foi dans les engagements pris mieux que tout assurerait la leur. Salbris les chargea, en outre, de promettre une prime importante si le but, — ignoré par ces auxiliaires, — était atteint.
Le jour même, Henri Le Penven profita d’un caboteur pour s’embarquer à destination de Canton avec O-Taï-Binh, dont le joyeux « Y-a-du-bon » eut vite transformé le nom chinois en la locution inspirée par sa face comique de jaune, de « Oh ! ta binette ! » qui devint bien vite « Binette » tout court.