Aussitôt il s’occupa d’organiser l’expédition et de recruter un personnel peu nombreux, mais alerte, plein d’endurance, d’une fidélité assurée. Aux premiers mots, l’ordonnance de Le Penven, gars de ressources, fertile en expédients, en vrai fils du quartier Mouffetard, avait bondi d’allégresse, et un « Y a du bon ! » sonore et communicatif avait jailli de ses lèvres. D’ailleurs, à quoi bon le consulter ? Son capitaine marchait ; il aurait fait beau de voir qu’après l’avoir amené de Paris à travers l’Europe, la Sibérie et la Chine, il le plantât là en plein pays de magots.
Laï-Tou, sollicité, s’était contenté de s’incliner ; le désir de son bienfaiteur suffisait pour qu’il se dévouât corps et âme. Et il ne se borna pas au don de sa personne, il y adjoignit celui de ses deux fils : ne devaient-ils pas aussi leur vie à l’homme grâce auquel la sépulture des ancêtres n’avait pas été profanée ?
Ainsi était déjà constitué un noyau de six hommes résolus, dont la moitié alliait à la fougue française des autres la sagacité, l’adresse et la prudence de la race jaune. Laï-Tou et ses fils assuraient Salbris de posséder en eux une excellente équipe d’ouvriers industrieux et d’intermédiaires utiles pour les rapports courants avec les populations des provinces traversées.
Il restait à grouper, autour de cette élite, un petit contingent comme escorte, capable de fournir nautoniers sur la rivière, porteurs dans les terres, combattants en cas de