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sa face, ses lèvres palpitèrent, retenant encore sur leur seuil, prête à prendre essor, son âme consolée.

Jeanne avait détaché de son cou la chaînette d’or où pendait une petite croix et l’approchait de la bouche expirante. L’or se ternit de la buée du dernier souffle. Le petit Breton s’en était allé vers son Dieu dans un baiser.

Pieusement, la jeune fille abaissa les paupières du mort, joignit ses doigts, puis détacha le voile de son casque, en abrita le visage du pauvre soldat, empreint soudain de la majesté sereine que dispense la paix céleste.

Et jusqu’au bout de la route, elle marcha près du corps, égrenant son rosaire pour appeler sur cette âme de dévouement et de martyre la bénédiction de la Vierge, patronne si chère aux cœurs bretons.

Le soir, dans Cao-Bang enfin atteint, le colonel Sauzède, à défaut d’aumônier, prononça, devant les tombes ouvertes, les prières des morts auxquelles il joignit les paroles dues aux héros ; puis son geste traça largement, sur les corps de ses premiers soldats tombés pour la patrie, le signe du salut.