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lui faisant ses adieux, au pied du calvaire, jusqu’où elle l’avait accompagné sur la route, le jour de son départ, pour s’unir dans leur dernière prière bretonne, le gars s’était mentalement promis de revenir au pays les galons d’or du sous-officier sur les manches, digne de celle dont la pensée constante le soutiendrait dans son exil.

Et voici qu’il allait mourir, le pauvre Corentin Le Bivic, loin du toit qu’il avait conservé à ses vieux, loin de sa douce Léna… Il ne dormirait même pas à l’ombre de son clocher natal, dans le petit cimetière où, au sortir des offices du dimanche, les parents et les amis viennent s’agenouiller sur les tombes et se rapprocher, par la prière, de leurs chers disparus. Il s’en irait, tout seul, sans une main amie à presser dans ses doigts défaillants, dont le geste errant semblait vouloir s’accrocher à un appui suprême.

Mais, ô surprise ! voici qu’ils rencontraient la douce étreinte d’une main secourable, délicate, fraîche, fine, telle qu’il rêvait naguère trouver au retour celle qui s’ouvrirait prête à s’unir à la sienne pour toute une vie de joies et de peines communes. Il entr’ouvrit ses yeux déjà embus de l’ombre éternelle, distingua vaguement penché sur lui un visage tendre de jeune fille…

« Ma douce ! » murmura-t-il.

La présence de Jeanne lui était comme une vision surnaturelle ; en elle il incarnait sa Léna. Ses traits, convulsés de souffrance, se détendirent ; un sourire illumina