heures de marche étaient nécessaires pour atteindre Cao-Bang. Sauzède cependant n’hésita pas ; il fallait rallier au plus tôt le refuge. Il ordonna donc la reprise de l’étape.
Avant de remonter sur un cheval d’artillerie, il remettait sa fille en selle, quand il aperçut les deux trous qui traversaient son casque.
« Ah ! s’exclama-t-il blêmissant, au moins tu n’es pas blessée ?
— Une mèche de cheveux coupée, répliqua gaiement Jeanne. Je vous la donnerai comme souvenir de l’heure qui m’a réellement sacrée soldat en me conférant le baptême du feu. »
Le père l’étreignit ardemment sur son cœur. C’était bien son sang qui battait dans ses veines héroïques.
Les projectiles ennemis avaient été moins cléments pour d’autres. Si le colonel se tirait de l’échauffourée avec la simple perte de son cheval, et Jeanne avec les déchirures de balles qui faisaient de son casque un trophée, par contre, cinq morts et un mourant gisaient sur le terrain du combat. D’autres étaient blessés, mais la plupart restés debout et dont les plaies ne paraissaient pas dangereuses.
Le colonel ne voulut pas abandonner les corps, même hâtivement ensevelis, aux profanations des Chinois. Il connaissait assez les mœurs féroces de ces bandits pour ne pas ignorer qu’une fois la colonne éloignée, les