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une balle transperça de part en part, près du sommet, le casque de la jeune amazone.

Sans souci personnel de la commotion ressentie, Jeanne avait eu un cri d’angoisse en voyant tomber son père. Mais déjà Sauzède s’était dégagé et se relevait, un peu froissé de sa chute, toutefois sans blessure.

Sautée hors de selle, la jeune fille présentait sa monture à son père. Au geste de dénégation de Sauzède, elle riposta impérieusement, ne songeant qu’à l’intérêt général :

« Vous êtes le chef !… Il faut que les nôtres vous voient.

— Mais,… tenta d’objecter le colonel.

— Vous êtes comptable de leur vie à tous ! Sans vous, sans votre présence évidente, que deviendraient-ils ? »

Sauzède ne se défendit plus. Il enfourcha le cheval de sa fille.

La troupe s’était jetée dans les rizières qui bordaient la chaussée à gauche et ripostait au feu des pirates, derrière le talus du remblai. Une section d’artillerie, sans attendre d’ordre, s’était mise en batterie, et son tir inondait de projectiles l’escarpement occupé par les Pavillons-Noirs.

L’effet de cette grêle de mitraille fut irrésistible ; l’ennemi décimé cessa de riposter et battit précipitamment en retraite.

La route était libre. Mais déjà le jour venait, et deux