Page:Georges de Lys - Les Conquerants de l'air, 1910.djvu/69

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Chinois était peu efficace. Sauzède se bornait donc à forcer l’allure et prenait position, dès le jour venu, sur des points où ses adversaires ne pouvaient songer à venir l’attaquer.

La marche avait été ralentie par les difficultés de la route et le harcèlement des pirates. Le sixième jour, on leva le camp avec l’espoir d’atteindre enfin Cao-Bang. Sauzède se doutait que les Pavillons-Noirs, avant de voir la proie leur échapper, momentanément tout au moins, harcèleraient plus vigoureusement la colonne et tenteraient peut-être un coup de main sur le convoi, dans l’espoir de satisfaire leurs appétits de rapine. Il prit ses dispositions en conséquence : l’avant-garde fut formée par les compagnies de milice, et les voitures, précédées par la batterie, encadrées entre les deux bataillons de marsouins.

La route à suivre était couverte, sur la droite, par la rivière, qui formait un bon fossé protecteur. Un point dangereux se présentait, celui où un coude du cours d’eau, détourné par un escarpement presque inaccessible et couvert d’une brousse épaisse, venait buter contre la chaussée et roulait, dans un lit encaissé, en torrent tumultueux et infranchissable.

L’avant-garde avait franchi ce défilé sans encombre ; mais lorsque la tête de la colonne l’aborda, elle fut accueillie par une fusillade nourrie et, hélas ! meurtrière. Frappé en plein poitrail, le cheval du colonel s’abattit, et