néfaste que, du haut de la tribune, un consciencieux Français, ancien gouverneur de la colonie envahie, avait nommé : un péril national !
Qu’importe ! son devoir était d’agir de même que s’il eût été certain du succès final. L’honneur du drapeau voulait qu’il tînt jusqu’au bout et qu’il tombât sur la brèche plutôt que d’abandonner la lutte, tant qu’il lui resterait des hommes valides dont ne serait pas brûlée la dernière cartouche. Si la France devait succomber, il serait digne de ces héroïques marins de notre histoire qui sombraient, le pavillon haut cloué au mât, plutôt que de se rendre.
Mais Jeanne ?… Pauvre victime ! il lui faudrait donc aussi l’immoler à la patrie ? Le bras d’un ange ne viendrait-il pas empêcher ce nouveau sacrifice d’Abraham ?
À l’approche de Cao-Bang, un autre péril surgit. Instruites de l’invasion victorieuse des Japonais, des bandes de Pavillons-Noirs se levaient, débordaient de la frontière chinoise, dressaient leurs embuscades sur les flancs de la colonne. Des coups de feu, tantôt isolés, tantôt en salves nourries, jaillissaient de positions presque inaccessibles, et d’où le colonel ne pouvait songer à débusquer les pirates, sans s’exposer à des pertes sérieuses. Or le sang de ses hommes était trop précieux pour le répandre dans des combats sans résultats positifs. Heureusement, vu l’éloignement, l’incertitude du tir dans les ombres de la nuit ou les pâleurs de l’aube, le feu des