qu’aurait à combattre la petite troupe française dans son poste suprême.
Jeanne chevauchait à côté de son père, émerveillant de sa grâce enjouée et de sa crânerie les petits troupiers de la colonne, pour la plupart têtes brûlées du pays de France, mais dont le cœur non moins chaud gardait un coin immaculé pour le souvenir d’une promise ou d’une sœur laissée là-bas, et qui s’incarnait soudain dans la jeune compatriote dont la présence semblait leur rendre la patrie moins lointaine. La blonde enfant, qu’ils sentaient sous leur sauvegarde, leur chauffait l’âme d’un désir de dévouement, concentrait en elle le culte que chacun d’eux gardait à celle qu’il avait emportée vivante dans son cœur. En retour, Jeanne répondait aux regards amis levés vers elle par un bon sourire qui allégeait les fatigues de l’étape et réconfortait chacun de confiance. Qui avait le droit de se décourager, quand une enfant lui donnait l’exemple de sa vaillance et de son indéfectible foi ?… La demoiselle du colonel devenait, pour le petit troupier, la fée des légendes qui avait bercé son enfance, la puissance tutélaire qui guide ses protégés au travers des embûches et les amène au bonheur, après les avoir trempés dans l’épreuve et éprouvés dans leur valeur. Ainsi, pour tous, la présence de Jeanne semblait-elle le gage du salut.
Le colonel pénétrait la bienfaisante influence de sa fille sur le moral de ses soldats. Il en éprouvait une fierté