bien parvenue à Saïgon, et immédiatement avait été transmise à Paris.
L’arsenal d’Hanoï contenait en réserve quelques mines flottantes. Le colonel les avait fait immerger et abandonner au fil du courant, dans le but de rendre la navigation périlleuse et de retarder ainsi l’arrivée de la flottille légère ennemie. De fait, deux destroyers nippons, heurtés au passage, disparurent dans leur explosion. Ce désastre suspendit la marche offensive des bâtiments, qui n’osèrent plus s’avancer sans se faire précéder de dragues et d’autres précautions contre semblable aventure. Par malchance pour nous, ces engins destructeurs n’étaient qu’en petit nombre, et plusieurs d’entre eux s’échouèrent, inutiles, sur les rives, ou s’enlisèrent dans les vases. Toutefois, l’élan foudroyant de l’invasion s’en trouva subitement ralenti.
Sauzède évacua Hanoï avec le dernier convoi. Préalablement, il fit incendier les arsenaux et les magasins, puis s’embarqua, déchiré dans son âme de soldat et dans son cœur de père. Si vaillante que fût, en cette heure solennelle, l’attitude de Jeanne dans son impressionnante simplicité, car elle s’était modelée sur l’exemple de dignité et de calme dont faisait montre le colonel, la jeune fille était consciente et du péril, et des responsabilités qui pesaient sur son père ; mais elle se sentait aussi la force de les affronter dans sa foi en lui. Sauzède, par contre, s’alarmait pour Jeanne et ne se pardonnait