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— Monte ! » répliqua simplement Roland, sûr maintenant de l’instrument qu’il avait créé et qu’il avait senti si souple sous sa main de pilote.

De nouveau le moteur trépida ; l’envol se fit sans secousse. D’abord l’aéroplane décrivit au-dessus de l’hippodrome de gracieux méandres, puis tout à coup il piqua droit au nord, désertant Chang-Haï, pour descendre le cours de la rivière, vers la mer.

« Où me mènes-tu ? » demanda Le Penven intrigué.

Salbris sourit :

« Ce matin, une division de l’escadre française d’Extrême-Orient a mouillé, dans les eaux chinoises, près de la pointe des Faisans. Nous allons saluer nos compatriotes et les associer au triomphe de nos couleurs… Tiens ! dans le coffre devant toi, tu dois trouver un pavillon… Tu l’as ?… Amarre-le au montant de gauche et sois prêt à le dérouler à mon signal… D’ailleurs, tu peux y aller, nous y voici. »

L’aéroplane, en un quart d’heure, avait franchi les vingt kilomètres qui séparent la ville de l’estuaire du Yang-Tsé, et maintenant planait juste au-dessus de nos navires. La longue flamme tricolore qu’il déploya soudain, tandis qu’il s’abaissait, sembla caresser le pavillon national qui flottait à la misaine du premier croiseur, et l’oiseau, d’une courbe souple, vint ainsi saluer les trois drapeaux français qui claquaient fièrement dans la limpidité du ciel.

Des cris enthousiastes acclamèrent les aviateurs ; en un clin d’œil, les ponts et les agrès de nos bâtiments s’étaient