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fut allumé, et la vapeur donna la pression nécessaire. Roland fit fonctionner le moteur en marche libre ; il ronflait nettement, scandant les détonations à intervalles mathématiquement égaux. De ce côté-là, tout allait bien.

Le Penven, depuis un instant, frémissait d’un désir contenu qui, à la fin, fit irruption :

« Tu m’emmènes, dis ?… »

Salbris sourit devant la mine implorante de son ami, mais secoua négativement la tête.

« Pour ce premier essai, non. Je veux tenter seul mon expérience. Si rien ne cloche, je reviendrai te prendre.

— Bah ! réclama Hervé, puisque tu te risques, pour quoi n’en ferais-je pas autant ?

— Parce que tu paralyserais en partie ma présence d’esprit, justement par la pensée des risques que je te ferais partager. J’ai besoin de confirmer pratiquement ma foi théorique en mon appareil… Sérieusement, mon ami, ne me cause pas la peine de t’infliger un refus. Tout à l’heure tu m’accompagneras, je te le promets. »

Le Penven se résigna, un peu à contre-cœur. Il se soulagea de sa déconvenue par une boutade amicale.

« Égoïste ! qui veut toute la gloire pour lui seul !… Va, mon vieux, je t’aime trop pour être jaloux de l’ovation qui t’attend ; mais j’aurais été heureux d’être avec toi dans le danger.

— Je le sais ! » répondit gravement Salbris en serrant énergiquement la main de son ami.