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gement du troupier, Le Penven avait obtenu de l’emmener avec lui en assumant ses frais de route. Sûr du dévouement du soldat, Hervé, de fortune aisée, n’avait pas hésité à payer le voyage du brave garçon. Et Troussequin, englobant dans son culte l’ami de son chef, exultait à la pensée de voir un Français faire la nique aux Anglais, figés de morgue, et aux Allemands, ravagés de bile. C’était pour le coup qu’il pourrait crier la phrase dont son surnom lui était venu, quand M. Salbris leur ferait lever en l’air leurs nez allongés ; oui ! c’est pour le coup qu’il « y aurait du bon » !

Parvenu à l’arrière du fourgon, l’aviateur fit former autour de lui un cercle de protection contre les curiosités, dont certaines pouvaient être aggravées d’intentions malveillantes ; puis il fit jouer le secret du cadenas de fermeture, après avoir établi la combinaison de lettres qui en permettait seule le déclenchement. Par une superstition tendre, les quatre lettres figuraient, écrit à l’anglaise, le nom de l’aimée : Jane.

Laï-Tou et ses aides s’étaient approchés. Le chariot porteur, déposé sur le sol, reçut son moteur et son hélice. Des écrous spéciaux fixèrent les ailes et la queue au bâti de l’appareil. Sous la tension des ressorts, le monoplan déploya son envergure d’oiseau aux ailes jaunes, à la concavité diminuant vers les bords pour se relever tout au bout. Les fils de commande pour le gauchissement des ailes furent soigneusement assujettis. Alors le brûleur