avaient ébloui son cœur. Jeanne acceptait plus vaillamment l’épreuve. Sûre de Roland, elle songeait à son père et le sentait si heureux de la posséder encore ces deux années, toute à lui, qu’elle se serait crue coupable d’attrister ce père par la démonstration de son propre chagrin.
« Faites crédit de ces quelques mois à mon pauvre père, disait-elle tendrement à Roland. Après, vous m’aurez pour toute la vie ! »
Et l’accent profond qu’elle mettait dans ces paroles affirmait à Salbris qu’elle s’était donnée pour ne jamais se reprendre.
Et les heures coulaient. Le cap Saint-Jacques fut dépassé. Le Taï-Binh entra dans les mers de Chine ; puis il atteignit l’embouchure du fleuve Rouge. L’heure pénible était arrivée.
Salbris se commanda une attitude stoïque. Il ne voulait pas que le colonel Sauzède pût le juger faible dans l’accomplissement d’une épreuve acceptée. Jeanne, au contraire, au moment de l’adieu, ne put contenir ses larmes. Elles tombèrent en rosée de consolation et d’espérance sur le cœur mal résigné de celui qui l’aimait.