confiance que lui avait témoignée le colonel en l’admettant dans son intimité, s’il lui laissait ignorer un sentiment qu’il jugeait partagé par celle qui en était l’objet. Mais cette démarche ne lui créait pas d’anxiété, tant il présageait que ses ouvertures seraient bien accueillies.
L’aube blanchissait. Calme de la décision prise, Roland regagna sa cabine et s’endormit d’un sommeil profond. Il s’éveilla tard et ne rejoignit ses amis qu’au déjeuner. La rose de pudeur qui fleurit, à son approche, sur les joues de Jeanne le confirma dans sa foi. Aussi, après le repas, se ménagea-t-il un aparté avec le père de la jeune fille, sous le prétexte de lui soumettre une idée que le colonel jugea concerner l’aéroplane.
Mais, une fois seuls tous deux, Roland aborda nettement l’entretien.
« Mon colonel, déclara-t-il, votre bienveillance à mon égard m’a déjà prouvé que vous m’honorez de votre estime et de votre sympathie. J’aspire cependant plus haut, à votre affection paternelle. Oui, mon rêve est de devenir votre fils, si Mlle Jeanne, comme j’ose l’espérer, pense trouver le bonheur auprès de moi. Vous avez connu ma famille ; en dehors de ses traditions d’honneur, mon père, par son labeur, m’a laissé un patrimoine de deux cent cinquante mille francs. Mon état m’en rapporte actuellement vingt mille, et cette situation s’améliorera considérablement dès que je serai pourvu du grade d’inspecteur, ce qui est l’affaire d’un peu de patience,