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l’étroite intimité du paquebot, épanouissait soudain son calice en fleur précieuse, embaumée de foi et d’espérance parmi cette nature cynghalaise, si enivrante et merveilleuse que la légende a voulu voir dans cette île le paradis terrestre.

De retour à bord, Salbris, incapable de dormir, passa la nuit sur le pont. Ainsi, avait sonné l’heure qui fixait sa vie. Il aimait et avait trouvé la compagne de son existence dans cette enfant dont la droiture et la candeur lui étaient garants de leur futur bonheur. Et ce bonheur lui venait sans heurt, normalement, amené à portée de ses mains par une Providence tutélaire. Aucune barrière ne semblait devoir entraver son cours. Le père de la fiancée élue le favorisait de son estime et de sa bienveillance ; le monde lui-même ne pouvait qu’approuver l’union du jeune commissaire des douanes chinoises avec la fille du colonel Sauzède. Ce qui ailleurs eût été un sérieux obstacle : l’expatriation, devait être fragile aux yeux d’un officier colonial, habitué aux séparations et aux exodes. D’ailleurs Salbris, comme palliatif à l’exil, n’aurait-il pas, pour les réunions familiales, le congé de semestre que, tous les quatre ans, son administration accorde à ses employés ? Le jeune homme admirait avec quelle simplicité se combinaient les circonstances pour favoriser ses vœux.

Dès le jour même, en toute loyauté, il s’ouvrirait au père de Jeanne. Roland aurait cru manquer à la large