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Le ban fut fermé et rouvert. Cette fois, Troussequin recevait la médaille militaire.

Puis les troupes défilèrent devant les trois héros.

Le nouveau général rentrait en France, où il était pourvu d’un commandement à Paris. Avec mélancolie il voyait passer les jours qui le séparaient de son embarquement. La vie allait l’éloigner de sa fille bien-aimée, qui déjà n’était plus toute à lui. Il ne s’était pas cru le droit, pourtant, de retarder le bonheur de ses enfants, après les épreuves subies et l’héroïque conduite de celui qu’il était fier de nommer son fils. Mais son cœur de père saignait.

Roland Salbris avait lu sur le front de cet homme, qu’il honorait et aimait d’une piété toute filiale, sa secrète mélancolie. Et pourtant il avait un heureux sourire. Le jour de l’embarquement arriva, sur ce même Taï-Binh, où ils s’étaient connus. Jeanne et Roland étaient sur le pont, près de leur père, que l’émotion pâlissait.

« Allons ! mes enfants, dit tout à coup Sauzède, se sentant impuissant à se maîtriser jusqu’au bout ; l’heure du départ approche. Dites-moi adieu et retournez à terre.

— Vous ne voulez donc pas que nous retournions en France par le même bateau que vous ? répliqua mutinement Jeanne.

— En France ?… Que veux-tu dire ? balbutia le général d’une voix oppressée.