tout défenseur qui se montrait pour repousser et réduire ces passerelles volantes.
Déjà plus d’un brave avait succombé dans cette tâche, quand Troussequin accourut. Il avait déterré, dans le magasin d’outils, des faux, serpes et faucilles. Hâtivement, il les distribuait aux postes menacés. Bientôt ces lames courtes et tranchantes, emmanchées à des bambous, s’allongèrent par les créneaux et mordirent sur les frêles engins des pirates. Les échelles chargées d’hommes s’écroulaient, et le fond du fossé n’était plus qu’une litière de morts et de mourants, les uns les membres brisés, d’autres embrochés sur les pieux ou écharpés par les dents des chausse-trapes.
Hélas ! le flot envahissant semblait intarissable. Une marée humaine de plus en plus dense battait les assises de la citadelle. Les pirates paraissaient décidés à combler le fossé de leurs corps pour se frayer chemin plutôt que de renoncer au pillage et aux représailles qu’ils comptaient tirer de ces barbares exécrés.
Un à un, nos braves tombaient derrière leurs créneaux. Le feu des canons se ralentissait, réduit aux dernières gargousses. De même se raréfiaient les cartouches des fantassins, bien que les gibernes des morts et des blessés fussent soigneusement vidées par leurs voisins. Depuis plus de cinq heures, la petite garnison se défendait avec un acharnement et une furie inspirés par le désespoir… Que faisaient donc ceux qu’ils atten-