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Roland et Jeanne s’éperdaient ensemble dans la contemplation des constellations antarctiques, parmi lesquelles semblaient planer sur leurs fronts, en signe de bénédiction, les cinq clous d’or de la Croix du sud.

À Colombo, ils prirent terre ensemble pour parcourir les campagnes magiques de l’île enchantée. Le soir était venu quand ils débarquèrent ; une voiture les emmena sur la route de Monte-Lavinia.

D’immenses cocotiers déployaient au-dessus d’eux leurs chevelures luxuriantes ; de subtils parfums s’exhalaient de fleurs étranges et pénétraient de leurs griseries les cerveaux et les cœurs. Là-haut, le ciel fourmillait d’astres, et dans l’air flottaient d’autres essaims d’étoiles vivantes et bruissantes dans le vol des lucioles.

Puis vint la forêt profonde, aux fûts prestigieux, courbant très haut ses arceaux en nefs et versant aux petits êtres errant sous ses voûtes et entre ses piliers l’émotion religieuse d’une incommensurable cathédrale. Et toujours les lucioles éparses complétaient l’illusion de cierges brasillant sur les autels, de lampes suspendues devant le sanctuaire. Dans la ferveur de leurs âmes, Roland et Jeanne se sentirent soudain plus près l’un de l’autre. Leurs yeux se rencontrèrent, et une pudeur fit battre leurs paupières. Le secret de leurs cœurs s’était révélé, et leur être rêvait d’un commun avenir que bénirait Dieu.

Oui ! le sentiment délicat et très pur, germé dans