fossé fut ainsi franchi, et les pirates s’attaquèrent à la palissade.
Le Parigot était là. Il se redressa et, d’une détente des reins, lança un objet muni d’une mèche enflammée à sa pipe, en criant de sa voix de gavroche :
« Gare la bombe ! »
C’était un bidon d’essence, dont il avait fait ample provision à la réserve constituée pour l’approvisionnement de la « frégate ».
Un autre, d’autres encore suivirent. Dans leur chute, les récipients faisaient explosion et répandaient sur l’eau stagnante du fossé une nappe ignescente dont les langues léchaient les fascines et transformèrent bientôt leurs levées en haies de feu.
Devant cet ennemi nouveau, les Chinois reculèrent et les défenseurs eurent un répit. Ils n’avaient subi que des pertes légères, tout en en infligeant de terribles à leurs agresseurs. Mais, vu la multitude de ceux-ci, la mort de vingt d’entre eux équivalait à peine à la mise hors de combat d’un seul des assiégés. Toutefois ce premier recul était un succès qui rendait foi aux défenseurs et retardait l’heure critique où ils devaient être submergés par le flux des envahisseurs. Il permettrait enfin d’espérer en l’arrivée à temps des troupes libératrices.
Mais des lisières des bois dans lesquelles ils s’étaient réfugiés, les Pavillons-Noirs préparaient leur nouvelle attaque en couvrant de projectiles les remparts de Cao-Bang. Déjà leur feu avait fait plusieurs victimes, quand