Courageux, mais sombre et le cœur serré, Jeanne et Roland avaient vu disparaître la colonne qui allait combattre pour le salut commun et l’honneur de nos armes. Ils n’ignoraient point le critique de la situation où les plaçait le coup d’audace qui laissait Cao-Bang dégarni afin d’assurer, par l’intervention inopinée de la garnison, le succès de l’attaque du général Ledru-Mesnil. D’autre part, les dangers auxquels courait le colonel Sauzède oppressaient leur âme, non moins que ceux qu’ils sentaient peser sur leur tête.
Henri Le Penven s’absorbait dans les obligations que lui imposaient les responsabilités assumées, sans fléchir sous leur poids. Dès la veille, il avait réparti sa poignée d’hommes à leurs postes futurs, et toute la nuit s’était employée aux préparatifs d’une défense à outrance. D’étroits couloirs de retraite étaient seuls ménagés entre