faire face aux Japonais, lesquels, pour l’attaquer, auraient à retraverser le Bang-Giang, et cette fois sous son feu.
L’intervention de Sauzède avait de bout en bout interverti les rôles et renversé les situations. Grâce à son initiative, le combat était rétabli et le succès accessible.
Une émotion violente soulevait le colonel en exécutant le mouvement qui le rapprochait de la ville où était en péril ce qui était tout son cœur : sa fille et le fils qu’il avait adopté de toute sa tendresse et de tout son orgueil. Depuis le matin, les échos de la lutte que soutenait la poignée de braves laissée dans l’enceinte lui poignaient l’âme d’angoisses. Enfin, d’une côte gravie, la ville lui apparut.
Sur les remparts extérieurs flottaient les enseignes chinoises ; mais la citadelle, au faîte de son mât, haussait encore fièrement les trois couleurs et continuait à cracher la mort sur les hordes hurlantes qui se ruaient à son assaut… Combien résisterait encore ce dernier obstacle ?… Arriverait-il à temps pour le secourir, ou verrait-il s’anéantir, dans une explosion effroyable, à la fois le drapeau et la chair de sa chair ?…
Sur l’autre rive du Bang-Giang, les Japonais, déconcertés par l’intervention inopinée de Sauzède, qui avait dégagé Ledru-Mesnil et lui permettait non seulement d’échapper à la défaite, mais encore de se rétablir dans une situation favorable, ne conçurent plus qu’un espoir,