Page:Georges de Lys - Les Conquerants de l'air, 1910.djvu/27

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


II
L’ÉTERNELLE CHANSON

Durant l’escale d’Aden, le colonel était resté à bord, pour ne pas exposer sa fille aux chaleurs dangereuses de ce pays bridé et aux spectacles répugnants de ce cloaque de toutes les licences. Roland Salbris s’était fait un devoir et un plaisir de partager avec eux la solitude du bord, déserté par la plupart des passagers avides d’un premier contact exotique.

Puis coulèrent les journées accablantes durant la traversée de la mer Rouge. Jeanne demeurait vaillante dans l’atmosphère chargée de souffles embrasés. Et, le soir, c’étaient de longues veillées sur le pont, dans une intimité familiale entre son père et son ami.

Enfin le Taï-Binh s’enfonça au large de l’océan Indien, où les alizés tempéraient l’ardeur du climat de leurs haleines apaisantes. Les nuits conservaient néanmoins leur tiédeur, et, sur la dunette, les yeux au firmament,