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emploierait quatre heures à parcourir cette distance, de nuit, vu les difficultés du terrain. Une autre heure au plus pour prendre ses dispositions d’attaque, et celle-ci se produirait alors vers 5 heures du matin. Il ignorait une cause qui allait fausser son calcul. La garnison nipponne de Lang-Son, que Salbris avait vue en retraite vers le camp japonais, exténuée de fatigue, avait dû s’arrêter avant d’avoir atteint ce dernier et était bivouaquée sur la route de Lang-Son à Cao-Bang.

Le colonel, parvenu à la lisière des bois qui regardaient la gauche ennemie, distante de deux kilomètres, avait fait halte. Il n’était pas en force pour s’engager à fond tant que l’attaque principale, conduite par le général Ledru-Mesnil, ne serait pas imminente. Il lui fallait néanmoins attirer d’abord sur lui l’attention et l’effort de l’ennemi, pour que la subite apparition des Français sur ses derrières le surprît en mauvaise posture. Certes, l’assiégeant ne pouvait ignorer l’approche de la colonne de débarquement ; mais, la sachant campée à une vingtaine de kilomètres, il ne devait pas redouter son apparition avant le milieu du jour.

Mais un officier envoyé en pointe revint porteur d’une grosse nouvelle. L’ennemi, qui probablement n’attendait que d’être grossi par les troupes qui avaient évacué Lang-Son, profitait de ce renfort pour jouer son va-tout. En effet, il débouchait de ses lignes et se dirigeait sur la ville, évidemment avec l’intention de l’emporter d’assaut.