Sitôt la porte franchie, la colonne obliqua vers la droite derrière des rideaux de bambous, afin de se soustraire aux vues de l’ennemi, dont, chaque nuit, les projecteurs fouillaient la campagne. Elle s’engagea ensuite dans les rizières, vint tourner la croupe d’une colline broussailleuse, puis s’enfonça dans un ravin d’où elle n’émergea que couverte par l’écran de grands bois qui palissadaient ses flancs. Précédée seulement d’une légère avant-garde, elle donnerait ainsi l’illusion aux postes japonais qu’ils n’avaient affaire qu’à une simple reconnaissance, et lorsque leur erreur serait dissipée, il serait trop tard pour qu’ils pussent efficacement prévenir le camp d’une attaque que leur faiblesse ne leur permettrait pas de retarder.
Le colonel Sauzède calculait que la colonne de secours, partie à minuit, ayant environ seize kilomètres à parcourir pour atteindre les derrières du camp japonais,