comme la Chine, d’être à même de remonter les fleuves en rasant l’eau, prêt à s’envoler au-dessus des rapides… Un seul point noir au tableau : la difficulté de ravitaillement en essence, bien que déjà nombre de cités Célestes commençassent à en être approvisionnées. D’ailleurs, le monoplan de Salbris était susceptible de transporter un viatique suffisant pour trois cents kilomètres, vu qu’il n’employait le pétrole que pour transmuer l’eau en vapeur.
Jeanne ne contemplait pas sans admiration ce jeune homme, si simple auprès d’elle, dont son père vantait la sagacité et la valeur. Déjà Roland lui avait plu par ses qualités naturelles, et maintenant elle ressentait une fierté à voir cet esprit supérieur abandonner ses hautes spéculations, pour se mettre à son unisson dans leurs causeries et l’entourer de prévenances. Aussi ses yeux, en présence du jeune homme, se nuançaient-ils à la fois de déférence et de rêve.
De son côté, Salbris était loin d’être insensible à la grâce de la jeune fille et à l’attention discrète, mais pourtant transparente, qu’elle lui témoignait. Et parfois il évoquait, dans un rêve, combien douce serait la présence constante d’une compagne de tant de charme décent, de délicatesse naturelle et d’un culte si fervent…