l’impression d’une chute à ceux qui le suivaient des yeux, et dans le camp japonais, et sur les remparts de Cao-Bang. Convaincus de la capture de l’aviateur et de son flyer, les Japonais interrompirent leur tir, tandis qu’une clameur de désespoir s’élevait de la ville assiégée. Jeanne, présente, tomba à genoux et leva les mains vers le ciel… À ce moment, la « frégate » se releva soudain, brûla la politesse à ceux qui la croyaient déjà tenir, et bientôt vint atterrir parmi les amis qui la jugeaient perdue.
Le premier mot de Roland fut pour le colonel :
« Demain nous serons libres et vainqueurs ! »
Puis il se jeta dans les bras que lui tendait Jeanne, qui, après avoir subi l’angoisse de son péril, s’éperdait dans l’ivresse de son salut.
« Dieu m’a entendue ! » murmura-t-elle en action de grâces.
Salbris se retourna vers Sauzède, impatient d’être plus largement renseigné.
« J’ai laissé le sergent Laugars comme guide au général Ledru-Mesnil, qui bivouaque à quelque vingt kilomètres d’ici. À sa place, je rapporte cent kilos de biscuits, soit trois ou quatre par homme.
— Ah ! tu songes à tout ! s’écria le colonel. En te prenant pour fils, mon cœur a bien choisi… Tu nous reviens en ravitailleur du corps et de l’âme avec ta « frégate » trouée comme un drapeau… Mais tu es blessé ! s’alarma-t-il en remarquant le bras inerte de Roland.