plane de ce qu’il pourra enlever. Que désirez-vous ?
— Du biscuit, déclara Salbris, que chaque homme puisse manger avant de combattre.
— Quel poids ?
— Cent kilos. Je vous laisserai le sous-officier du génie que j’ai amené ; il connaît en détail la topographie de la région et pourra vous être un indicateur précieux. »
Dans sa hâte à porter aux assiégés l’annonce de l’approche des troupes françaises et au colonel les ordres pour l’attaque du lendemain, Salbris ne voulut pas attendre que la nuit lui rendît sa traversée moins périlleuse. Il se contenta de s’élever pour franchir le camp japonais. Mais l’ennemi, en éveil depuis son précédent passage, avait braqué la mitrailleuse Krupp, inventée pour le tir contre les aéronats. Une gerbe de mitraille enveloppa l’aviateur à son passage, criblant les toiles, sans atteindre heureusement ni le pilote ni les organes essentiels. Mais des feux de mousqueterie poursuivirent l’oiseau échappé à la mitrailleuse. Salbris poussa l’allumage. Il se croyait déjà hors de portée, quand une balle, à demi-morte, ricocha sur l’armature de la nacelle et l’atteignit au coude. La douleur de la contusion lui fit lâcher le volant, et un geste involontaire, sous le coup reçu, avait infléchi le gouvernail dans une position qui entraînait l’appareil en une descente vertigineuse. De la main gauche, Salbris put ressaisir le levier et rétablir l’équilibre, mais pas assez tôt pour que l’aéroplane n’eût donné