« Roland part sur sa « frégate », et il t’emmène avec lui. »
La jeune fille s’étonna :
« Où cela ?
— Mais à Hanoï, où tu seras en sûreté.
— Alors il vous abandonne ? se récria Jeanne.
— Tu juges mal ton fiancé, mon enfant. Une fois qu’il t’aura mise en sûreté, il reviendra nous renseigner sur les mouvements de nos amis.
— Et moi, reprit la jeune fille, je vous saurais dans un péril que j’aurais lâchement déserté… Ah ! mon père, est-ce vous, le noble soldat, qui me proposez cette défaillance ?… J’ai partagé jusqu’ici votre sort, je veux le subir jusqu’au bout, connaître ensemble la joie de la délivrance ou mourir dans votre dernier baiser !…
— Mais,… tenta d’objecter le père, ému de tant de vaillance et de tendresse.
— Rien ne prévaudera contre ma décision. Je reste.
— Ah ! s’écria Roland, si vous nous déchirez le cœur d’angoisses pour vous, vous enorgueillissez celui dont vous êtes né et celui à qui vous daignerez être si nous sommes sauvés !
— Nous le serons, mon ami, déclara Jeanne, j’en ai l’intuition profonde. La main de Dieu est sur nous… Partez donc, et revenez-nous en annonciateur de la bonne nouvelle. J’ai foi que vous nous l’apporterez. »
Muni des instructions de Sauzède et du baiser coura-